Comment un alabay bienveillant a failli envoyer un pêcheur à l’asile

Comment un bon gros alabay a presque conduit un pêcheur à l’asile

Un de mes amis avait un énorme alabay. Une montagne de tendresse et de force, loyal et débordant d’amour pour ses maîtres. Cet amour se manifestait par des léchouilles baveuses, une obéissance exemplaire à tous les ordres, mais aussi… par des cadeaux inattendus. Le chien avait une drôle d’habitude : il adorait chiper des choses mal surveillées pour les offrir à ses maîtres. Ce penchant leur avait déjà causé plus d’une situation embarrassante.

C’est précisément à cause de cette habitude de voleur que se déroule cette histoire. Une chaude soirée d’été, sur la rive d’une rivière de campagne, le grand alabay se libéra de son collier et disparut en trombe dans la nature. Son maître, un pêcheur patient, ne tenta même pas de le poursuivre — c’était inutile. Il alluma une cigarette et continua tranquillement à taquiner le poisson, attendant que la bête se lasse et revienne.

Quelques minutes plus tard, un bruit de pas lourds derrière lui le fit se retourner brusquement. Ce qu’il vit faillit lui faire avaler sa cigarette encore allumée. Une créature étrange s’approchait, ressemblant vaguement à une tortue géante. Mais il n’avait jamais vu de tortue aussi imposante et avec une démarche si énergique. Et surtout, pas de tête en vue.

La créature mystérieuse s’arrêta, et soudain, sa « carapace » bascula sur le côté, dévoilant le museau joyeux de son alabay, sourire béat jusqu’aux oreilles. Le chien transportait… un canot pneumatique sur son dos. Fier comme un coq, il semblait dire : « Regarde, maître ! T’as vu ce que je t’ai ramené ? Génial, non ? »

Le pêcheur, ébahi, alluma une deuxième cigarette avant de lâcher : « T’as rapporté ça ? Bon garçon. Maintenant, ramène-le là d’où tu l’as pris. » Le chien ne sembla pas vexé. Si son trésor n’intéressait pas, tant pis. Il tourna les talons et repartit fièrement, canot sur le dos. Par prudence, le maître décida de le suivre : il pressentait qu’il allait devoir s’excuser auprès de quelqu’un.

Ils arrivèrent bientôt devant un pêcheur pétrifié, debout avec sa rame à la main. L’homme, blême, mit quelques instants à reprendre ses esprits. Il expliqua d’une voix tremblante qu’il venait de gonfler son canot pour partir sur l’eau, quand une énorme bête surgit de nulle part, chipa l’embarcation et disparut. Paralysé par la taille de l’animal, il n’avait même pas eu le temps de réagir, et de toute façon, se défendre à coups de rame aurait été inutile.

« Je me demandais si j’allais raconter ça à quelqu’un… Mais qui me croirait ? Un chien qui vole une barque ? On m’aurait pris pour un fou et envoyé chez un psy ! »

À ce moment, l’alabay réapparut, ramenant la barque à son propriétaire, toujours aussi ravi de lui-même. « Si le maître n’avait pas débarqué derrière, je crois que je serais allé consulter un médecin », admit finalement le pêcheur, soulagé mais encore sous le choc.

(Visited 42 times, 1 visits today)